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Le Centre d’Anthropologie Sociale et Culturelle (CRASC) d’Oran organise un colloque international intitulé « La Ville au temps de la Covid ».

Il aura lieu en décembre 2021 en Algérie.

 

L’appel à projet du CRASC

 

Déclarée pandémie mondiale le 11 mars 2020 par l’OMS, la Covid-19 a du jour au lendemain bouleversé nos vies à l’échelle mondiale. Depuis cette date, le confinement et la réduction des activités humaines pour endiguer la propagation du virus sont le mot d’ordre général. La ville, cadre de vie dominant, est au cœur de nouveaux enjeux sociétaux contemporains que révèle la pandémie, elle est assujettie à des restrictions inédites et les rythmes quotidiens y sont radicalement modifiés. Ses composantes physiques, humaines, économiques et sociales sont aujourd’hui mises en question.

 

Résiliente, diffuse, compacte, globale, durable, verte, intelligente ... (Breux, Diaz, 2017; Thomas, Antonio Da Cunha, 2017; Matagne, 2003; Toubin et al. 2012;Boiral, 2004), tels sont les concepts attribués à la ville qui ont émergé au cours des dernières décennies. Aujourd’hui, le nouveau virus incite à réfléchir « aux nouvelles modalités relationnelles que nous entretenons avec les non humains... avec lesquels nous devons composer nos espaces de vie » (Lussault, 2020), à imaginer les villes radicalement différentes (Hopkins, 2020) ou à penser « leur décroissance » (Paquot, 2020). Les débats foisonnent pour identifier les facteurs qui interviennent dans la propagation et dans la létalité du virus comme la densité, la connectivité, la mobilité, l’encombrement, la concentration, la sociabilité, la pauvreté, les proportions de personnes âgées, l’accès aux soins, les politiques publiques... (Cambau, 2020; Orfeuil, 2020; Terrin, 2020). En réponse à cette situation de crise, de nouveaux paradigmes pourraient naître, suggérant de nouvelles manières de fabriquer les villes et les territoires pour une meilleure résilience urbaine.

 

Ce colloque est un moment pour réfléchir en commun, poser de nouvelles questions, explorer de nouvelles pistes de recherche et débattre sur des méthodes d’analyse en cours d’expérimentation ou à mettre en œuvre. La Covid-19 pèse toujours sur une grande partie de la planète et plus de recul serait nécessaire pour en apprécier les conséquences sur la ville et en tirer des leçons. Toutefois, des questions surgissent déjà, elles s’adressent aussi bien aux villes du Nord qu’aux villes du Sud. Elles interrogent l’architecture et l’urbanisme, la forme des villes et leurs rapports aux territoires et à l’environnement, les espaces de vie et d’activités, les représentations sociales et les politiques publiques.

 

L’objectif est de mettre au jour les transformations, les adaptations et les innovations des espaces et des modes de vie induites par la pandémie. Dans cette perspective, quatre axes de réflexion non exhaustifs sont envisagés.

 

1-Forme urbaine et espaces publics.

Les épidémies ont souvent contribué à refaçonner et à redessiner la ville. L’hygiénisme a transformé la ville et l’espace urbain en donnant « une place prépondérante à l’épidémiologie et la démographie dans la prise de décision en architecture, urbanisme et santé publique » (Châtel-Innocenti, 2020).

Grâce au progrès scientifique et technologique du XXe et XXIe siècle et des différents systèmes de santé publique, les villes paraissaient prémunies contre les épidémies qui les avaient souvent touchées les siècles précédents.

Cependant, la ville dans ses formes et ses pratiques urbaines contemporaines est vulnérable face à la Covid-19. En témoignent les espaces publics qui sont mis à mal par le confinement. Lieux de la convivialité, de l’échange et de la proximité sociale, de l’exercice de la démocratie, et de «rencontres aléatoires avec l’altérité la sérendipité-» (Levy, 2020) pour les uns, ou alors des lieux marchands, de la simple halte ou des petits laps des tâches quotidiennes pour les autres (Kettaf, 2019), ils sont méconnaissables sans la foule qui les investit quotidiennement et leur donne un sens.   

Comment repenser la morphologie de la ville et de ses espaces publics ? Les règlements d’urbanisme seront-ils modifiés ? À quelles nouvelles compétences professionnelles de l’urbain la ville de demain fera-t-elle appel?

 

2-Logement et vie familiale

Le logement, lieu par excellence du confinement, qu’il soit spacieux ou exigu, bien ou peu équipé, proche ou éloigné des aménités urbaines, suscite le plus d’interrogations (PUCA ,2020). Cet espace dédié principalement à la vie domestique et privée, à la famille qui s’y réfugie et s’y ressource, abrite du jour au lendemain d’autres activités inhabituelles. Au vu des expériences vécues, il y a lieu de questionner ce que permettent les différents types de logements. Les concepts de la flexibilité, de la réversibilité, de la liberté d’usage (Eleb, 2017 ; Bouchain, 2020) et de la mutabilité (Durand, 2017) alimentent encore plus les réflexions etles débats. À l’ère de la Covid-19, les architectes sont appelés à repenser les logements et les habitants à reconsidérer leurs espaces de vie et à réévaluer les priorités (Rollet, 2020). Que révèle la pandémie sur les différents logements ? Comment les familles vivent-elles le triptyque confinement/ exiguïté/ promiscuité ? Quels effets psychologiques surles individus a cette obligation de ralentir et de freiner les rythmes (Riondet, 2020 ; Bourdeau-Lepage,2020)?

 

3-Travail et revenus des familles.

Le confinement a imposé le télétravail qui n’est ni adapté ni possible pour tous les métiers etsous toutes les latitudes, ce qui engendre des pertes d’emplois considérables mettant les ménages à rude épreuve. Des secteurs entiers sont ravagés (transports, commerce, tourisme, éducation, culture, loisirs, artisanat, restauration, événementiel, PME...), alors que d’autres, en faisant preuve d’innovation ou en tirant parti d’internet pour maintenir leurs activités, connaissent une embellie. Qu’il soit officiel ou informel, le travail rémunérateur, source de revenus, est en crise. Si certains puisent dans leurs économies pour tenter de traverser cet épisode, d’autres à l’image des journaliers sont plus préoccupés par la survie au quotidien que par un danger potentiel lié à un virus invisible (OIT, 2020 ; ONU, 2020). Faut-il s’adapter et inventer de nouvelles manières de travailler (Rifkin, 1995 : Méda, 2010)? Comment se créent les solidarités face aux inégalités sociales qui s’exacerbent? Qu’en est-il de l’efficacité des politiques publiques adoptées?

 

4-Histoire et mots de la ville.

La Covid-19 n’est pas la première pandémie qu’affronte la ville (Sardon, 2020 ; Touati,2000), elle vient prolonger la longue série des épidémies qui ont jalonné l’histoire urbaine. Chaque nouvelle crise est vue et interprétée à travers des récits qu’en font l’histoire et la littérature. Par ailleurs, le caractère inédit de cette épidémie est source de créativité linguistique et de profusion de néologismes, de mots de spécialistes (médecins, biologistes, etc.) ou d’un vocabulaire populaire. L’image et l’humour trouvent également en ce temps de confinement un terreau favorable à leur expression et leur développement.

La communication virtuelle à travers les réseaux sociaux encourage énormément cette «production » et sa diffusion. Que peut nous apprendre l'histoire des épidémies sur la Covid-19 et inversement comment celle-ci va-t-elle marquer l’histoire ? Comment la Covid-19 est-elle racontée et caricaturée ?

Ce colloque réunira des chercheurs, des doctorants, des enseignants et des professionnels de toutes les régions géographiques et de diverses disciplines : architecture, urbanisme, histoire, sociologie, géographie, économie, psychologie, littérature...

 

La candidature de l’OSFPT

 

L’OSFPT a considéré ce colloque comme une opportunité d’éclairer l’impact de la Covid sur la fonction publique territoriale française.

Le colloque étant centré sur la Ville, l’OSFPT a décidé de s’attacher à la partie des fonctionnaires territoriaux qui font la ville au quotidien les fonctionnaires territoriaux et intercommunaux, soit 50% des effectifs de la FPT.

L’OSFPT a donc transmis une proposition de contribution au comité scientifique du Colloque qui a validé celle-ci le 1er août 2021.

LA COVID 19, CATALYSEUR D’UN NOUVEAU MODELE DE GESTION DE LA VILLE ET D’UN CHANGEMENT DE PARADIGME POUR LES FONCTIONNAIRES MUNICIPAUX ET INTERCOMUNNAUX FRANÇAIS


La pandémie liée à la Covid 19 interroge la ville dans ses diverses dimensions. La présente proposition vise à appréhender, sous le prisme des sciences juridique, politique, économique et de gestion, un objet peu investigué mais constitué du million d’agents qui au sein des Villes françaises assurent au quotidien des fonctions urbaines.


L’impact de la Covid sur ce groupe sera questionné comme suit :


1- Transformation de l’organisation du travail : Exclusion de l’espace public et de la relation à l’usager des agents confinés ou en télétravail, importation du travail au domicile, évolution des collectifs de travail, du management, des compétences, des missions, des rythmes et du sens du travail, processus inégalitaires, TMS et RPS.


2 -  Réécriture du cadre juridique statutaire du travail.

3 - Mise entre parenthèse des instances de régulation sociales du travail.
Cette situation engendre un changement de paradigme du modèle de gestion de la Ville en tant qu’institution, du projet politique décliné en projet d’administration mis en oeuvre par les agents municipaux ; Au détriment de la citoyenneté.


Quant à la méthode, elle fera appel :
- à un corpus doctrinal relevant des disciplines précitées.
- à des études de cas locales et nationales (5), des entretiens avec des membres du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (employeurs et personnels), des drh, des agents et cadres.

 

La mission a été confié à :

  • Un docteur en droit
  • Une doctorante en sciences économique de l’Université de Reims et enseignante en Sciences économiques et sociales.

Dans leur travail, ils s’appuieront notamment sur le réseau territorial de l’OSFPT. Ils étudieront à un niveau macro (national) et local (avec des études de cas d’espèces de Communes et d’EPCI).

Tag(s) : #Droit de la FPT, #Colloque, #Covid
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